À la découverte des saveurs de Celles : Quand la table raconte la culture du Salagou

23/09/2025

Le terroir du Salagou : la diversité au cœur de l’assiette

Celles, village du ressuscité surplombant le lac du Salagou, s’inscrit dans un paysage où la nature s’impose par ses couleurs, de la ruffe rouge aux vignobles en passant par les oliveraies. Cette richesse géologique et climatique façonne une gastronomie profondément ancrée dans le terroir, mais aussi porteuse d’une histoire collective. La gastronomie locale s’affirme ainsi comme un miroir de son territoire, à la croisée de la tradition paysanne, de l’influence méditerranéenne et d’un sens aigu du partage.

L’empreinte du sol et du climat : une identité singulière

Les terres rouges, riches en oxydes de fer, confèrent aux cultures une typicité inimitable. Le climat méditerranéen, mêlant sécheresses estivales et hivers doux, permet la culture de la vigne, de l’olivier, des figuiers, des amandiers, sans oublier le maraîchage traditionnel.

  • Vins du Salagou : Classés en IGP (Indication Géographique Protégée), ils reflètent la minéralité des sols volcaniques — rouges souples et fruités, blancs aromatiques.
  • Huile d’olive : Provenant directement des vergers d’oliviers entourant Celles et les villages voisins, elle est utilisée dans la cuisine quotidienne et dans la fabrication de tapenades.
  • Fruits à coque : L’amande et la figue sèches deviennent des gourmandises appréciées localement (source : Syndicat Mixte du Salagou).

Plats et recettes : des traditions vivantes

La cuisine de Celles s’inspire à la fois du patrimoine languedocien et des particularités de la Haute Vallée de l’Hérault. Elle met à l’honneur des produits simples sublimés par des gestes précis, souvent transmis oralement.

  • Fougasse : Pâte à pain enrichie d’huile d’olive et garnie (olive, anchois, oignons). À Celles, elle accompagne volontiers les pique-niques ou les apéritifs sur les berges du Salagou.
  • Clafoutis de figues du jardin : Variante locale, profitant de l’abondance des figuiers dans le village.
  • Estofinado : À base de morue séchée, illustrant l’ouverture de la vallée aux échanges, par la voie de l’Hérault et du canal du Midi.

Les repas se font souvent collectifs, lors des fêtes villageoises, comme la fête de la Saint-Jean, avec brasucade de moules et grillades sur sarments de vigne.

Agriculture, élevage et pêche : des savoir-faire ancrés

La petite agriculture locale puise dans le relief et le climat pour préserver des pratiques artisanales :

  • Apiculture : Production de miel de garrigue et de lavande, utilisé pour parfumer desserts ou boissons chaudes locales.
  • Fromages de chèvre : Les fermes de la périphérie de Celles perpétuent la fabrication de pélardons affinés, servis avec de l’huile d’olive et quelques brins de thym sauvage.
  • Pêche d’écrevisses et de gardons : Bien que soumise à la réglementation, la pêche dans le Salagou reste une activité traditionnelle, avec parfois des plats composés de poissons du lac, cuisinés façon bouillabaisse de l’intérieur des terres (source : Fédération de pêche de l’Hérault).

Les marchés de producteurs : lieux de vie et de transmission

Les marchés de la région, à Clermont-l’Hérault ou à Octon (à 6 km de Celles), sont des rendez-vous incontournables pour comprendre la gastronomie locale. Ils se tiennent chaque semaine, véritable « grand-messe » des producteurs.

  • On y trouve des produits bruts élevés ou cultivés à moins de 20 km à la ronde : miel, fromages, légumes secs (lentilles, haricots tarbais).
  • La vente en circuit court favorise les relations directes et permet la transmission de recettes, mais aussi d’usages (technique de séchage, conserves d’olives, etc.).
  • Le marché d’Octon, en été, accueille en moyenne entre 700 et 1200 visiteurs hebdomadaires (source : Office de Tourisme du Salagou), illustrant l’importance du lien social par la gastronomie.

La cuisine au fil des saisons : adaptation et sobriété créative

Les ressources naturelles et le rythme des saisons déterminent le contenu de l’assiette à Celles :

  1. L’été : plats rafraîchissants (salades de tomates anciennes, tians de courgettes, vins rosés fruités du Salagou).
  2. L’automne : figues fraîches ou en confiture, châtaignes grillées durant les veillées, viandes mijotées d’agneau en daube.
  3. L’hiver : soupes épaisses de légumineuses, plats rustiques comme la cassoulette de la région (une variante du cassoulet toulousain, plus légère et souvent préparée avec des haricots secs locaux).
  4. Le printemps : asperges sauvages et jeunes pommes de terre des jardins, omelettes à l’aillet ou au thym ramassé sur les collines de la ruffe.

Cette cuisine de saison reflète une adaptation nécessaire aux ressources, mais aussi une capacité à magnifier la sobriété — témoin de décennies d’économie de subsistance et de vie paysanne.

À table, le lien social et les fêtes locales

À Celles, la gastronomie ne se vit pas seulement dans la sphère privée. Elle s’inscrit dans une dynamique collective, lors de fêtes traditionnelles ou de repas partagés dans la salle du village.

  • Fête du 15 août : repas d’auberge espagnole où chacun amène un plat, souvent préparé à partir de produits du jardin ou de la cueillette.
  • Journée du patrimoine : ateliers de dégustation de vins et produits du terroir, animés par des vignerons et artisans locaux.
  • Vivacité du café associatif : rencontres autour de plats faits maison, où la transmission orale des recettes (soupe à l’ail, pâtés, oreillettes) reste un temps fort.

Ces moments de convivialité continuent de perpétuer des gestes et des savoirs, nourrissant une identité partagée qui transcende les générations.

La recomposition du village et de la table : l’exemple contemporain de Celles

Depuis la renaissance administrative du village, amorcée dans les années 2010 avec l’arrivée de nouveaux habitants et un projet de mémoire territoriale (La Dépêche, 2017), la gastronomie locale devient un levier d’intégration. On observe une hybridation heureuse : les recettes traditionnelles rencontrent parfois des influences nouvelles, amenées par des familles venues d’autres régions.

  • Ouverture de lieux d’accueil où l’on sert aussi bien des quiches de légumes du jardin que des tartres au fromage de chèvre local.
  • Organisation de journées gourmandes, où l’on revisite les classiques, sans jamais renier l’attachement aux produits phares du terroir.

Ce mouvement s’inscrit dans une diversité assumée, mais toujours respectueuse du passé.

Plats emblématiques autour du Salagou : panorama d’une identité culinaire

Plat Ingrédients clés Fête ou saison associée
Fougasse Farine, huile d’olive, olives, oignons Apéritif partagé / toute l’année
Clafoutis de figues Œufs, sucre, figues, lait Fin d’été – vendanges
Brasucade de moules Moules, sarments de vigne, ail, persil Fêtes villageoises (Saint-Jean, 15 août)
Daube d’agneau Agneau, vin rouge local, carottes, thym Automne-hiver
Omelette à l’aillet Œufs, aillet sauvage, huile d’olive Printemps

Quand gastronomie rime avec préservation et engagement

Les enjeux actuels autour du Salagou rejoignent ceux de la cuisine locale. Nombre de producteurs s’engagent aujourd’hui dans des pratiques agroécologiques : agriculture biologique, maraîchage sur petites surfaces, pâturages sans intrants chimiques. Le maintien du paysage, la préservation des semences anciennes (comme la lentille du Salagou) et la lutte contre la désertification agricole rappellent que la gastronomie n’est pas qu’un art de vivre, mais porte aussi les enjeux économiques et écologiques du territoire (voir : Association Terres du Salagou).

  • Le Pain du Salagou, réalisé avec des farines issues de blés anciens, figure comme nouvel emblème sur les marchés, témoignant de ce renouveau (source : “Pain Païs”).
  • Initiatives de cuisine participative et ateliers “anti-gaspi” sensibilisent à la fois habitants et visiteurs à la préservation des ressources.

L’esprit de Celles à travers la table : entre fidélité et créativité

La gastronomie autour du Salagou raconte le bonheur du partage, l’amour du terroir, le respect de la saisonnalité et l’audace de la transmission. Déguster une fougasse sur la plage rouge du lac, croquer dans une figue parfumée ou s’attarder autour d’un verre de vin local, c’est entrer dans la mémoire collective du village. Chaque plat, chaque recette, chaque marché hebdomadaire renvoient à cette culture spécifique, faite de simplicité rigoureuse, d’hospitalité sincère et de goût prononcé pour le vivant.

La cuisine de Celles n’est pas figée — elle évolue, croise d’autres cuisines et accueille l’imprévu, à l’image de ce village qui renaît sur les rives du Salagou. Goûter la table locale, c’est comprendre, bien au-delà des saveurs, tout ce qui fait de Celles un village à part, ancré dans la terre mais ouvert aux autres et à demain.

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